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Olivier Delobel, sculpteur

Fausse interview pour une vraie biographie

- Olivier Delobel, comment êtes-vous venu à la sculpture ?

- Petit j'ai fait beaucoup de dessin et voulu faire de la bande dessinée mon métier. Puis j'ai grandi. Et j'ai vu que les dessinateurs de Bande dessinée que j'aimais étaient meilleurs que moi. Alors j'ai essayé pendant plusieurs années d'arrêter de vouloir faire de l'art de façon régulière. Mais j'ai échoué.

Je suis donc revenu à l'art de façon détournée en étudiant la théorie, et je me suis passionné pour l'Histoire de l'art, allant même jusqu'à décrocher une Licence à l'Université. C'était le départ.

- Certes, mais après...

- Après je suis allé faire le tailleur de pierres à Blois puis le sculpteur à Castres puis le sculpteur à Carrare puis encore le sculpteur à Castres puis à Narbonne puis finalement j'ai vu que je n'avais pas encore tout vu et tout appris à Carrare et j'y suis revenu encore quelques mois puis je suis revenu à Narbonne où je réside de manière stable, depuis 10 ans.

- Elles sont assez vite résumées, vos années d'apprentissage...

- Vous trouvez ?

- Et, comment dirais-je, qu'est-ce qui vous plaît dans la sculpture ?

- Au risque de briser le mythe du créateur, c’est avant tout l'absence d'intellectualisation en art qui me charme. Qu’on le veuille ou non, le monde nous apparaît en trois dimensions. C’est la raison pour laquelle la sculpture, sagement ou librement inspirée du réel, académique ou aux confins de l’abstraction, représente pour moi l’art le plus direct. Et le plus riche en sensations. La vue en effet ne reste que secondaire. La chaleur que dégage une terre cuite ou la fraîcheur du bronze ne s’apprécie qu’avec la main. Les différentes essences de bois ravissent l’odorat. L’ouïe même à son rôle, pour appréhender le lisse ou le rugueux de l’objet sculpté sur le grain de la paume.

- Et qu'est-ce qui vous déplaît dans la sculpture ?

- Vous les préparez longtemps à l'avance vos questions ?

- ...

- Bien...ce qui me frustre dans la sculpture : si je veux représenter la retraite de Russie des troupes de Napoléon, je serai obligé de passer une bonne décennie à modeler des personnages et des paysages pour que l'ensemble soit un peu démonstratif, puis je devrai louer plusieurs camions et déménageurs pour transporter le tout et le mettre en place dans une salle gigantesque que j'aurai louée pour l'occasion. Ensuite je penserai : « je suis fier...mais dire qu'il va falloir que je range tout ça et que je le case quelque part dans un mois ! »

Un peintre expérimenté, lui, passera quelques mois sur une grande toile pour sortir une scène impressionnante, qu'il pourra transporter dans la fourgonnette de son ancien voisin, avec qui il mettra la peinture en place dans un grand hall. Puis le front légèrement luisant d'un début de sueur, il lui dira : « Tu viens au vernissage ou on se voit dans un mois ? »

J'ai mal au dos, et pas lui ! Ses peintures sont moins chères que mes sculptures, prennent moins de place donc il y a plus d'amateurs pour ce genre d'art ! En plus il lui faut un atelier plus petit !!! En plus y en a que pour la peinture !!!!!!!!! En plus...

- Oh lààà oh lààà...Et pourquoi vous ne feriez pas de la peinture ?

- Pardon ? Ah oui,... c'est parce que je ne sais pas peindre.

- Là, je comprends un peu mieux...

- Et puis malgré tout ce qu'elle me fait endurer,pas rancunier,je reste un grand amoureux de la sculpture.Toutes ces richesses sensuelles – au sens premier – qu’elle véhicule, me font presque oublier les petits tracas qui lui sont propres et le peu de cas qu’on fait d’elle dans les médias, où la peinture s’offre la part du lion. Oh pardon ! Je parle encore des peintres...c'est que je suis très jaloux.

- Je vois... On m'a dit que vous écriviez. Parlez-moi de l'écriture, ça m'intéresse.

- Ah, l’écriture… Je suis tombé dedans il y a de cela plusieurs années. Une envie de peinture sûrement. Je me suis imposé, le temps de quelques romans, une discipline très stricte, six jours sur sept le matin pendant une heure trente environ. C’est un vrai bonheur de se plonger dans la vie de ses personnages. J’ai ressenti un brin de frustration au début, j’avais l’impression d’être le plus commun des hommes. La faute aux médias et aux auteurs en vue, qui nous assurent qu’il y a plus d’écrivains en herbe que de lecteurs. Alors je me suis caché sous un pseudo-anagramme, Ovide Blondel. Puis, même depuis que j’assume, mon pseudonyme est resté. Il était là, et ne voyais pas pourquoi on le délogerait comme ça, d’un coup de tête.

- Bien. Et quel rapport avec la sculpture ?

- L’écriture que j'affectionne n’est pas si éloignée de l’art du portrait en buste. Ce que j'aime dans mes lectures, c'est l’observation des caractères, et le sujet. Une bonne histoire, des rebondissements et parfois du suspense peuvent être une bonne façon de lier tout ça, mais ce n'est qu'accessoire, finalement. Je n'y vois, dans mes activités de lecteur ou de prosateur qu'un prétexte à la description des âmes humaines qui me touchent ou me rebutent. Et à la réflexion autour de thèmes qui me passionnent, m’étonnent, ou me tiennent à cœur... en essayant que tout ça soit perçu entre les lignes par celui qui me lit, plutôt qu'asséné péremptoirement - c'est le plus délicat peut-être, et j'adore cet exercice.

Je vous avouerai encore une fois, la supériorité de cet art sur celui de la sculpture. Et de la peinture. En quelques lignes, on peut faire naître ou mourir une population entière. En quelques pages, révéler les tourments d’un personnage, les blessures d’enfance et les croyances les plus profondes. Je ne dis pas, on peut tenter ça en sculpture, mais c’est à l’observateur de faire tout le travail d’interprétation, on ne peut que donner des pistes.

- Alors, vous vous sentez plutôt sculpteur ou plutôt romancier ?

- Et vous ? Plutôt interviewer ou plutôt père de famille ?

- Vous êtes taquin… Bon, ce sera ma dernière question. Pour aujourd’hui. À quoi aspirez-vous en ce moment ?

- J'ai toujours voulu être connu et reconnu, un caprice de gamin qui ne passe pas.

Echos dans la presse

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2013